About the Book
Extrait: Les combats de Françoise du Quesnoy Le marquis de Bejar, Espagnol immensément riche, donna un matin un déjeuner, après lequel on joua. À cinq heures de l'après-midi, un de ceux qui étaient là, M. du Quesnoy, avait perdu quatre-vingt mille francs. Rarement on vit un plus beau joueur. Il ne sourcilla pas. Quelques amateurs de mouvements passionnés, qui surveillaient curieusement son visage, y saisirent au passage à peine de légères et rapides contractions. Néanmoins cette perte au jeu, si galamment supportée, fut pour M. du Quesnoy le point de départ de divers événements qui influèrent gravement sur sa vie. Le même jour, M. du Quesnoy alla passer la soirée chez une Mme Desgraves, femme de beaucoup d'esprit, dont le salon était un des plus agréables et des plus recherchés de Paris. Cette soirée avait lieu un peu en l'honneur d'un ami de cette dame, nommé Philippe Allart, qui revenait d'un long voyage en Asie, rapportant, avec un livre curieux dont on s'occupait, la réputation d'un homme courageux et intelligent. Philippe Allart, qui faisait sa rentrée dans le monde parisien, trouva d'assez grands changements survenus parmi le personnel féminin surtout. Bien des jeunes filles s'étaient mariées et étaient devenues des femmes à la mode. Celles-ci avaient disparu, celles-là vieilli; partout, après une absence de quelques années, il apercevait de nouveaux visages, et se sentait presque dépaysé. Cependant, après avoir causé avec quelques anciennes connaissances et avoir été présenté par son amie, Mme Desgraves, à tout ce qu'il y avait d'important chez elle, son attention commença à être singulièrement attirée par un groupe de trois jeunes femmes très remarquables par leur élégance. L'une d'elles, il l'avait vue jadis, il l'avait connue. Mais où Ce n'était plus la même physionomie que celle qu'il entrevoyait vaguement dans ses souvenirs. Peu à peu il s'était, pour mieux examiner, approché d'une table où il feignait de feuilleter des livres. L'intérêt de sa contemplation devint d'autant plus vif qu'il crut remarquer une sorte de querelle entre les trois jeunes femmes. Du moins, au geste, à un froncement de sourcils, à un sourire aigu, il le devinait. C'était contre celle qui le préoccupait que les deux autres paraissaient se liguer. En même temps Allart vit qu'un tout jeune homme, un enfant presque, qui se trouvait comme lui à la table et semblait regarder des albums, fixait par moments sur la même personne, d'une façon pénétrante et ardente, ses grands yeux noirs.
About the Author: Louis Émile Edmond Duranty est un romancier et critique d'art français du XIXe siècle (5 juin 1833 Paris, 2ème ancien - 9 avril 1880 Paris, 10ème). Ses amis intimes pensaient que Duranty était le fils naturel de Prosper Mérimée[2]. Ce n'est qu'en 1947 que la découverte de documents ayant appartenu à Duranty a permis d'établir que son père était Louis-Edmond Anthoine[3], auditeur au Conseil d'État (1833), inspecteur de la compagnie d'assurances La Nationale, puis magistrat[4]. Sa mère, Émilie Hémart (Madame Lacoste 1798-1879, elle se fait appeler Émilie Duranty dans l'acte de naissance de son fils), a eu un fils - Félix-Joseph Lacoste (1825), de Joseph Bonaparte, le frère aîné de Napoléon Ier. Duranty a débuté en 1853 comme employé à l'administration centrale des Domaines et Forêts de la Couronne (grâce à la protection du ministre Achille Fould) et donné sa démission en 1857 pour se consacrer à la littérature. Il est le cofondateur de la revue Le Réalisme, publiée de juillet 1856 à mai 1957[5], un périodique à peu près mensuel, de seize compactes pages in-4°, très combatif, consacré à la seule critique littéraire, avec Champfleury, avec qui il défendra le mouvement réaliste et l'impressionnisme. En 1861, il obtient l'autorisation d'installer au Jardin des Tuileries un théâtre de marionnettes fixe; dont le peintre Courbet créera les décors. Il écrit même un répertoire complet dédié à George Sand, comportant vingt quatre saynètes ayant pour héros Polichinelle, Pierrot et Arlequin.